wiki:Archi-1-TP9

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Boot et premier programme en mode kernel

Pour les travaux pratiques, vous devez d'abord répondre à des questions qui ont pour but de vous faire lire le code et revoir les points du cours. Les réponses sont dans le cours ou dans les fichiers sources. Certaines ont déjà été traitées en TD, c'est normal. Ensuite, vous passez aux exercices pratiques.

La partie pratique est découpée en 5 étapes. Pour chaque étape, nous donnons (1) une brève description, (2) une liste des objectifs principaux de l'étape, (3) une liste des fichiers avec un bref commentaire sur chaque fichier, (4) une liste de questions simples dont les réponses sont dans le code, le cours ou le TD et enfin (5) un exercice de codage.

Vous allez compiler vos programmes pour le MIPS et les exécuter le prototype virtuel du SoC nommé almo1 présenté en cours. Il est composé d'un MIPS, d'une mémoire et d'un contrôleur de terminal TTY. Le simulateur d'almo1 se présente sous la forme d'un exécutable qui simule le comportement du SoC. Le MIPS exécute le programme se trouvant dans les bancs de mémoire du SoC. La simulation est complète depuis le signal reset et précise au cycle et au bit (cela signifie que si c'était une vraie machine, vous auriez exactement le même comportement de vos programmes).

IMPORTANT
Avant de faire cette séance, vous devez avoir regardé les documents suivants
:

Mise en place de l'environnement des TP

  • Configuration et test de l'environnement de travail sur les machines de la PPTI
    • Éditez votre fichier $HOME/.bashrc et ajoutez au début:
      source /Infos/lmd/2023/licence/ue/LU3IN029-2023oct/kO6/bin/SourceMe.sh
      Ce script modifie quelques variables d'environnement telle que PATH qui permet de définir les répertoires dans lesquels le shell bash trouve ses exécutables (ici la chaîne de compilation du MIPS et le simulateur almo1).
    • Exécutez pour cette fois le .bashrc (parce que vous venez juste de le modifier):
      source $HOME/.bashrc
      Vous pouvez aussi ouvrir un nouveau terminal, celui-ci exécutera le script .bashrc avant d'afficher le prompt.
  • Récupération des codes pour le tp1
    • Ouvrez un terminal
    • Allez dans le répertoire où vous placez vos codes (cela dépend de chacun, je vais supposer ici qu'il y a un répertoire ~/kO6 à la racine du de votre compte):
      cd ~/kO6
    • Copier les codes du tp1:
      cp -rp /Infos/lmd/2023/licence/ue/LU3IN029-2023oct/kO6/tp/tp1 .
    • Exécutez la commande: tree -L 1 tp1.
      Vous devriez obtenir ceci:
      kO6/tp1
      tp1
      |-- 0_test_almo1
      |-- 1_hello_boot
      |-- 2_init_asm
      |-- 3_init_c
      |-- 4_nttys
      |-- 5_driver
      `-- Makefile
      
  • Pour tester que tout fonctionne
    • Allez dans le répertoire 0_test_almo1:
      cd tp1/0_test_almo1
    • Exécuter la commande:
      make exec
      Vous devez voir 2 fenêtres xterm apparaître avec le message `Hello Word" et une petite fenêtre avec une roue tournante
    • Pour arrêter le simulateur, vous devez taper CTRL-C dans le terminal où vous avez démarrer le simulateur.
    • Si vous regarder dans le répertoire, le compilateur et le simulateur ont créés plusieurs fichiers (les exécutables MIPS et d'autres), pour faire le ménage et revenir aux seuls fichiers source, vous devez taper:
      make clean

1. Premier programme en assembleur dans la seule section de boot

Nous commençons par un petit programme de quelques lignes en assembleur, placé entièrement dans la région mémoire du boot, qui réalise l'affichage du message "Hello World". C'est un tout tout petit programme, mais pour obtenir l'exécutable, vous devrez utiliser tous les outils de la chaîne de cross-compilation MIPS et pour l'exécuter vous devrez exécuter le simulateur du prototype. C'est simple, mais c'est nouveau pour beaucoup d'entre vous

Objectifs

  • produire un exécutable à partir d'un code en assembleur.
  • savoir comment afficher un caractère sur un terminal.
  • analyse d'une trace d'exécution

Fichiers

1_hello_boot
├── hcpua.S      : code dépendant du cpu matériel en assembleur
├── kernel.ld    : ldscript décrivant l'espace d'adressage pour l'éditeur de lien
└── Makefile     : description des actions possibles sur le code : compilation, exécution, nettoyage, etc.

Questions (certaines déjà vues en TD, mais vous devez ouvrir les fichiers pour répondre)

  1. Dans quel fichier se trouve la description de l'espace d'adressage du MIPS ? Que trouve-t-on dans ce fichier ?
  2. Dans quel fichier se trouve le code de boot et pourquoi, selon vous, avoir nommé ce fichier ainsi ? (h pour hardware, cpu = Central Processor Unit)
  3. À quelle adresse démarre le MIPS ? Où peut-on le vérifier ?
  4. Que produit gcc quand on utilise l'option -c ?
  5. Que fait l'éditeur de liens ? Comment est-il invoqué ? (C9 S21)
  6. De quels fichiers a besoin l'éditeur de liens pour fonctionner ?
  7. Dans quelle section se trouve le code de boot pour le compilateur ? (la réponse est dans le code assembleur)
  8. Dans quelle section se trouve le message "hello" pour le compilateur ? Ce choix est particulier, mais ce message est en lecture seule.
  9. Dans quelle section se trouve le code de boot dans le code exécutable ? (la réponse est dans le fichier kernel.ld)
  10. Dans quelle région de la mémoire le code de boot est-il placé ? (la réponse est dans kernel.ld)
  11. Comment connaît-on l'adresse du registre de sortie du contrôleur de terminal TTY ? (la réponse est dans `kernel.ld' et sur cette page)
  12. Le code de boot se contente d'afficher un message, comment sait-on que le message est fini et que le programme doit s'arrêter ? (ou quel est le caractère de fin de chaîne ?)
  13. Pourquoi terminer le programme par un dead: j dead ? Notez qu'on ne peut pas encore faire un syscall exit parce qu'il n'y a pas de gestionnaire de syscall et surtout parce syscall est une instruction appeler par une application utilisateur, et qu'il n'y en a pas encore.
  14. Quelle est la différence entre #include "file.h" et #include <file.h> ? Quelle option du compilateur C permet de spécifier les répertoires lesquels se trouvent les fichiers include ? Si vous ne savez pas interrogez Internet ! (C9 annexe S4+S10)
  15. Comment définir une macro-instruction C uniquement si elle n'est pas déjà définie ? Écrivez un exemple. Si vous ne savez pas regardez l'usage de #ifndef (C9 annexe S9)
  16. Comment être certain de ne pas inclure plusieurs fois le même fichier .h ? Vous devriez avoir trouvé l'explication en répondant à la question précédente. (C9 annexe S10)

Exercices

  • Exécutez le programme en lançant le simulateur avec make exec, qu'observez-vous ?
  • Exécutez le programme en lançant le simulateur avec make debug.
    Cela exécute le programme pour une courte durée et cela produit deux fichiers trace0.s et label0.s.
    trace0.s contient la trace des instructions assembleur exécutées par le processeur.
    Ouvrez trace.0.s et repérez ce qui est cité ici
    • On voit la séquence des instructions exécutées
    • La première colonne nous informe que les adresses lues sont dans l'espace Kernel
    • La seconde colonne sont les numéros de cycles
    • La troisième sont les adresses
    • La quatrième le code binaire des instructions
    • Le reste de la ligne contient l'instruction désassemblée
    • Lorsque les adresses ont un nom, c'est à dire qu'une étiquette leur a été attribuée, celle-ci est indiquée.

label0.s contient la séquence des appels de fonctions de l'exécutions. C'est en fait un extrait de la trace.
Ouvrez le fichier label0.s et interprétez ce que vous voyez.

  • Modifiez le code de hcpua.S afin d'afficher le message "Au revoir\n" après le message "Hello".
    Vous devez avoir deux messages, et pas seulement étendre le premier.

2. Saut dans le code du noyau en assembleur

Dans le deuxième programme, nous restons en assembleur, mais nous avons deux fichiers source : (1) le fichier contenant le code de boot et (2) le fichier contenant le code du noyau. Ici, le code du noyau c'est juste une fonction kinit(). Ce n'est pas vraiment une fonction car on n'utilise pas la pile.

Objectifs

  • Savoir comment le programme de boot fait pour sauter à l'adresse de la routine kinit.
  • Avoir un fichier kernel.ld un peu plus complet.

Fichiers

2_init_asm/
├── hcpua.S      : code dépendant du cpu matériel en assembleur
├── kernel.ld    : ldscript décrivant l'espace d'adressage pour l'éditeur de lien
├── kinit.S      : fichier contenant le code de démarrage du noyau, ici c'est une routine kinit.
└── Makefile     : description des actions possibles sur le code : compilation, exécution, nettoyage, etc.

Questions

  1. Regarder dans le fichier hcpua.S, dans quelle section est désormais le code de boot ?
  2. Le code de boot ne fait que sauter à l'adresse kinit avec l'instruction jr, il n'y a pas de retour, ce n'est donc pas un jal. Où est défini kinit ? Comment le code de boot connait-il cette adresse ? Pourquoi ne pas avoir utilisé j init et donc pourquoi passer par un registre ?
  3. Dans kernel.ld, que signifie *(.*data*) ?
  4. Quelle est la valeur de __kdata_end ? Pourquoi mettre 2 «_» au début des variables du ldscript ? (réponse)

Exercices

  • Exécutez le programme sur le simulateur. Est-ce différent de l'étape 1 ?
  • Modifiez le code, comme pour l'étape 1, afin d'afficher un second message ?

3. Saut dans la fonction kinit() du noyau en langage C

Dans ce troisième programme, nous faisons la même chose que pour le deuxième mais kinit() est désormais écrit en langage C. Cela change peu de choses, sauf une chose importante kinit() est une fonction et donc il faut absolument une pile d'exécution.

Objectifs

  • Savoir comment et où déclarer la pile d'exécution du noyau.
  • Savoir comment afficher un caractère sur un terminal depuis un programme C.

Fichiers

3_init_c/
├── hcpua.S      : code dépendant du cpu matériel en assembleur
├── kernel.ld    : ldscript décrivant l'espace d'adressage pour l'éditeur de lien
├── kinit.c      : fichier en C contenant le code de démarrage du noyau, ici c'est la fonction kinit().
└── Makefile     : description des actions possibles sur le code : compilation, exécution, nettoyage, etc.

Questions

  1. Quand faut-il initialiser la pile ? Dans quel fichier est-ce ? Quelle est la valeur du pointeur initial ?
  2. Dans quel fichier le mot clé volatile est-il utilisé ? Rappeler son rôle.

Exercices

  • Exécutez le programme sur le simulateur. Est-ce différent de l'étape 1 ?
  • Ouvrez les fichiers kinit.o.s et kernel.x.s, le premier fichier est le désassemblage de kinit.o et le second est le désassemblage de kernel.x. Dans ces fichiers, vous avez plusieurs sections. Les sections .MIPS.abiflags, .reginfo et .pdr ne nous sont pas utiles (elles servent au chargeur d'application, elles contiennent des informations sur le contenu du fichier et cela ne nous intéresse pas).
    Notez l'adresse de kinit dans les deux fichiers, sont-ce les mêmes ? Sont-elles dans les mêmes sections ? Expliquez pourquoi.
  • Modifiez le code de kinit.c, et comme pour l'étape 1, afficher un second message ?

4. Accès aux registres de contrôle des terminaux TTY

Le prototype de SoC que nous utilisons pour les TP est configurable. Il est possible par exemple de choisir le nombre de terminaux texte (TTY). Par défaut, il y en a un mais, nous pouvons en avoir jusqu'à 4. Nous allons modifier le code du noyau pour s'adapter à cette variabilité. En outre, pour le moment, nous ne faisions qu'écrire sur le terminal, maintenant, nous allons aussi lire le clavier.

Objectifs

  • Savoir comment compiler un programme C avec du code conditionnel.
  • Savoir comment décrire en C l'ensemble des registres d'un contrôleur de périphérique et y accéder.

Fichiers

4_nttys/
├── hcpua.S      : code dépendant du cpu matériel en assembleur
├── kernel.ld    : ldscript décrivant l'espace d'adressage pour l'éditeur de lien
├── kinit.c      : fichier en C contenant le code de démarrage du noyau, ici c'est la fonction kinit().
└── Makefile     : description des actions possibles sur le code : compilation, exécution, nettoyage, etc.

Questions

  1. Dans le fichier kinit.c, il est question d'un loopback, à quoi cela sert-il ?
  2. Dans le fichier kinit.c, on trouve __tty_regs_map[ tty%NTTYS ].write = *s, expliquez le modulo.
  3. Exécutez le programme sur le simulateur. Qu'observez-vous ? Est-ce que les deux fenêtres ont le même comportement vis-à-vis du clavier ?

Exercices

  • Modifiez le code pour afficher un message sur le second terminal, il y a toujours une attente sur le premier terminal.
  • Modifiez le code pour que le programme affiche les touches tapées au clavier sur les deux terminaux. C'est-à-dire, ce que vous tapez sur le terminal proc0_term0 s'affiche sur ce même terminal, et pareil pour proc0_term1. L'idée est de ne plus faire d'attente bloquante sur le registre TTY_STATUS de chaque terminal. Pour que cela soit plus amusant, changez la casse (minuscule ←→ majuscule) sur le terminal proc1_term1 (si vous tapez bonjour 123, il affiche BONJOUR 123 et inversement.

B5. Premier petit pilote pour le terminal

Dans l'étape précédente, nous accédons aux registres de périphérique directement dans la fonction kinit(), ce n'est pas très simple. C'est pourquoi nous allons ajouter un niveau d'abstraction qui représente un début de pilote de périphérique (device driver). Ce pilote, même tout petit constitue une couche logicielle avec une API.

Objectifs

  • Savoir comment créer un début de pilote pour le terminal TTY.
  • Savoir comment décrire une API en C
  • Savoir appeler une fonction en assembleur depuis le C

Fichiers

5_driver/
├── harch.c      : code dépendant de l'architecture du SoC, pour le moment c'est juste le pilote du TTY
├── harch.h      : API du code dépendant de l'architecture
├── hcpu.h       : prototype de la fonction clock()
├── hcpua.S      : code dépendant du cpu matériel en assembleur
├── kernel.ld    : ldscript décrivant l'espace d'adressage pour l'éditeur de lien
├── kinit.c      : fichier en C contenant le code de démarrage du noyau, ici c'est la fonction kinit().
└── Makefile     : description des actions possibles sur le code : compilation, exécution, nettoyage, etc.

Questions

  1. Les fonctions du driver de TTY ont pour prototype:
    /**
     * \brief     read any char from the tty until count is reached
     * \param     tty   tty number (between 0 and NTTYS-1)
     * \param     buf   buffer where the read char are put
     * \param     count number of char read must be lower or equal to buf size
     * \return    the number of read chars  
     */
    int tty_read (int tty, char *buf, unsigned count);
    
    /**
     * \brief     write count chars of the buffer to the tty 
     * \param     tty   tty number (between 0 and NTTYS-1)
     * \param     buf   buffer pointer
     * \return    the number of written char
     */
    int tty_write (int tty, char *buf, unsigned count);
      
    
    Elles sont dans harch.h et le code est dans le fichier harch.c. Dans harch.h, il n'y a pas La structure décrivant la carte des registres du TTY, laquelle est déclarée dans le .c. Pourquoi avoir fait ainsi ?
  2. Le MIPS dispose d'un compteur de cycles internes. Ce compteur est dans un banc de registres accessibles uniquement quand le processeur fonctionne en mode kernel. Nous verrons ça au prochain cours, mais en attendant nous allons quand même exploiter ce compteur dans une fonction unsigned clock(void) dont le code est dans hcpua.S. Pourquoi avoir mis la fonction dans hcpua.S ? Rappeler, pourquoi avoir mis .globl clock
  3. Compilez et exécutez le code avec make exec. Observez. Ensuite ouvrez le fichier kernel.x.s et regardez où a été placée la fonction clock().
    Est-ce un problème si kinit() n'est plus au début du segment ktext ? Posez-vous la question de qui a besoin de connaître l'adresse de kinit()

Exercices

  • les fonctions tty_read() et tty_write() n'offrent pas un service suffisant, alors nous avons ajouté les fonctions tty_getc(), tty_gets() et tty_puts() qui permettent respectivement de lire un caractère sur un TTY, de lire une chaîne de caractères ou d'écrire une chaîne de caractères. Ces fonctions seront déplacées dans un autre fichier plus tard, mais pour le moment, elles sont dans le fichier kinit.c.
  • Afin de vous détendre un peu, vous allez créer un petit jeu guess
    • guess tire un nombre entre '0' et '9' et vous devez le deviner en faisant des propositions.
      guess vous dit si c'est trop grand ou trop petit. Ce programme ne va révolutionner votre vie de programmeur(se), mais bon, c'est probablement le premier programme que vous allez écrire et faire tourner sur une machine sans système d'exploitation.
    Étapes
    • Vous créez deux fichiers guess.c et guess.h.
      • guess.c contient le jeu il y au moins une fonction guess()
      • guess.h contient les déclarations externes de guess.c
    • kinit() doit lancer guess()
    • guess()
      • vous demande de taper une touche pour démarrer le jeu.
      • effectue un tirage d'un nombre en utilisant la fonction clock() et ne gardant que le chiffre de poids faible (ce n'est pas aléatoire, mais c'est mieux que rien)
      • exécute en boucle jusqu'à réussite
        • demande d'un chiffre
        • comparaison avec le tirage et affichage des messages "trop grand", "trop petit" ou "gagné"
    • Vous devrez modifier le Makefile puisque vous avez un fichier à compiler en plus.
    • Si c'est trop facile, vous pouvez complexifier en utilisant des nombres à 2 chiffres ou plus.