DOCS [Start][Config][User][Kernel] — COURS [9] [9bis] [10] [10bis] [11] — TD [9][10][11] — TP [9][10][11] — ZIP [gcc...][9][10][11]
Boot et premier programme en mode kernel
1. Analyse de l'architecture
Les trois figures ci-dessous donnent des informations sur l'architecture du prototype almo1 sur lequel vous allez travailler.
- À gauche, vous avez un schéma simplifié.
- Au centre, vous avez la représentation des 4 registres internes du contrôleur de terminal
TTY
nécessaires pour commander un couple écran-clavier. - À droite, vous avez la représentation de l'espace d'adressage du prototype.
Questions
- Il y a deux mémoires dans almo1 : RAM et ROM. Qu'est-ce qui les distinguent et que contiennent-elles ? (C9 S6+S9)
- Qu'est-ce l'espace d'adressage du MIPS ? Quelle taille fait-il ?
Quelles sont les instructions du MIPS permettant d'utiliser ces adresses ? Est-ce synonyme de mémoire ? (C9 S7) - Dans quel composant matériel se trouve le code de démarrage et à quelle adresse est-il placé dans l'espace d'adressage et pourquoi à cette adresse ? (C9 S6+S7)
- Quel composant permet de faire des entrées-sorties dans almo1 ?
Citez d'autres composants qui pourraient être présents dans un autre SoC ? (C9 S6+connaissances personnelles) - Il y a 4 registres de commande dans le contrôleur de
TTY
, à quelles adresses sont-ils placés dans l'espace d'adressage ?
Comme ce sont des registres, est-ce que le MIPS peut les utiliser comme opérandes pour ses instructions (comme add, or, etc.) ?
Dans quel registre faut-il écrire pour envoyer un caractère sur l'écran du terminal (implicitement à la position du curseur) ?
Que contiennent les registresTTY_STATUS
etTTY_READ
?
Quelle est l'adresse deTTY_WRITE
dans l'espace d'adressage ? (C9 S10) - Le contrôleur de
TTY
peut contrôler de 1 à 4 terminaux. Chaque terminal dispose d'un ensemble de 4 registres (on appelle ça une carte de registres, ou en anglais une register map). Ces ensembles de 4 registres sont placés à des adresses contiguës. S'il y a 2 terminaux (TTY0
etTTY1
), à quelle adresse est le registreTTY_READ
deTTY1
? (C9 S10) - Que représentent les flèches bleues sur le schéma ci-dessus ? Pourquoi ne vont-elles que dans une seule direction ? (C9 S11)
2. Programmation assembleur
L'usage du code assembleur est réduit au minimum. Il est utilisé uniquement où c'est indispensable. C'est le cas du code de démarrage. Ce code ne peut pas être écrit en C pour au moins la raison suivante : le compilateur C suppose la présence d'une pile et d'un registre du processeur contenant le pointeur de pile, or au démarrage le contenu des registres n'est pas significatif. Dans cette partie, nous allons nous intéresser à quelques éléments de l'assembleur qui vous permettront de comprendre le code en TP.
Questions
- Nous savons que l'adresse du premier registre du
TTY
est0xd0200000
est qu'à cette adresse se trouve le registreTTY_WRITE
duTTY0
. (C9 S10)
Écrivez le code permettant d'écrire le code ASCII'x'
sur le terminal 0. Vous avez droit à tous les registres du MIPS puisqu'à ce stade il n'y pas de conventions sur leur utilisation.
Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que l'adresse du registre TTY_WRITE est l'adresse d'une sortie du SoC, ce n'est pas une mémoire à proprement parler. Il est d'ailleurs interdit de lire à cette adresse. Pour écrire un message à l'écran, il faut écrire tous les caractères du message à cette adresse (0xD0200000). - Dans la question précédente, on connaissait l'adresse absolue du registre TTY_WRTIE. On suppose désormais que l'adresse du premier registre du
TTY
se nomme__tty_regs_map
(c'est le nom du label). Le programmeur ne connait pas l'adresse, il ne connaît que le nom du label (on dit aussi symbole). Ainsi, pour écrire'x'
sur le terminal 0, nous devons utiliser la macro instructionla $r, label
. Cette macro-instruction est remplacée lors de l'assemblage du code par les instructionslui
etori
. Il existe aussi la macro instructionli
qui demande de charger une valeur sur 32 bits dans un registre.
Pour être plus précis, les macro-instructionssont remplacées parla $r, label li $r, 0x87654321
Réécrivez le code de la question précédente en utilisantlui $r, label>>16 // chargement des 16 bits de poids forts de label ori $r, $r, label & 0xFFFF // chargement des 16 bits de poids faible de label lui $r, 0x8765 // chargement des 16 bits de poids fort de 0x8765431 ori $r, $r, 0x4321 // chargement des 16 bits de poids faible de 0x8765431
la
etli
(C9 S34) - En assembleur pour sauter à une adresse de manière inconditionnelle, on utilise les instructions
j label
etjr $r
. Ces instructions permettent-elles d'effectuer un saut à n'importe quelle adresse ?
Attention, la réponse n'est pas dans le cours, mais dans la connaissance du codage des instructions de saut (j
ump etb
ranch) que vous avez vu au début du module. - Vous avez utilisé les directives
.text
et.data
pour définir les sections où placer les instructions et les variables globales, mais il existe la possibilité de demander la création d'une nouvelle section dans le code objet produit par le compilateur avec la directive.section name,"flags"
name
est le nom de la nouvelle section. On met souvent un.name
(avec un.
au début) pour montrer que c'est une section et"flags"
informe sur le contenu :"ax"
pour des instructions,"ad"
pour des données (ceux que ça intéresse pourront regarder le manuel de l'assembleur Assembleur/Directives/.section)
".mytext"
et suivi de l'addition des registres$5
et$6
dans$4
(C9 S10) - À quoi sert la directive
.globl label
dans un programme assembleur ? (C9 S34) - Écrivez une séquence de code qui affiche la chaîne de caractère
"Hello"
surTTY0
.
Vous devez déclarer la chaine de caractère"Hello"
dans la section.data
, puis écrire le code dans la section.text
. Vous pouvez utiliser tous les registres que vous voulez. Vous supposez que le label__tty_regs_maps
est déjà défini et qu'il désigne le premier registre de commande duTTY0
qui estTTY_WRITE
.
C'est une boucle qui écrit chaque caractère de la chaîne dans le registre TTY_WRITE du TTY0, jusqu'à trouver le0
de fin de chaîne. - En regardant le dessin de l'espace d'adressage du prototype almo1 (plus haut et sur le slide 7 du cours 9), dites à quelle adresse devra être initialisé le pointeur de pile pour le kernel. Rappelez pourquoi c'est indispensable de le définir avant d'appeler une fonction C et écrivez le code qui fait l'initialisation, en supposant que l'adresse du pointeur de pile a pour nom
__kdata_end
.
3. Compilation et édition de liens
Pour obtenir le programme exécutable, nous allons utiliser :
gcc -o file.o -c file.c
- Appel du compilateur avec l'option
-c
qui demande àgcc
de faire le préprocessing puis la compilation C pour produire le fichier objetfile.o
- Appel du compilateur avec l'option
ld -o bin.x -Tkernel.ld files.o ...
- Appel de l'éditeur de liens pour produire l'exécutable
bin.x
en assemblant tous les fichiers objets.o
, en les plaçant dans l'espace d'adressage et résolvant les liens entre eux.
Autrement dit, quand un fichierf1.o
utilise une fonctionfunf2()
ou une variablevarf2
définie dans un autre fichierf2.o
, alors l'éditeur de liens place dans l'espace d'adressage les sections.text
et.data
des fichiersf1.o
etf2.o
, puis il détermine alors quelles sont les adresses defunf2()
etvarf2
dans l'espace d'adressage et il complètent les instructions def1
qui utilisent ces adresses.
- Appel de l'éditeur de liens pour produire l'exécutable
objdump -D file.o > file.o.s
ouobjdump -D bin.x > bin.x.s
- Appel du désassembleur qui prend les fichiers binaires (
.o
ou.x
) pour retrouver le code produit par le compilateur pour le debug.
- Appel du désassembleur qui prend les fichiers binaires (
Questions sur l'édition de lien
Le fichier kernel.ld
décrit l'espace d'adressage et la manière de remplir les sections dans le programme exécutable. Ce fichier est utilisé par l'éditeur de lien. C'est un ldscript
, c'est-à-dire un `script` pour ld
.
__tty_regs_map = [... question 1 ...] ; __boot_origin = 0xbfc00000 ; __boot_length = 0x00001000 ; __ktext_origin = 0x80000000 ; __ktext_length = 0x00020000 ; [... question 1 ...] __kdata_end = __kdata_origin + __kdata_length ; MEMORY { boot_region : ORIGIN = __boot_origin, LENGTH = __boot_length ktext_region : ORIGIN = __ktext_origin, LENGTH = __ktext_length [... question 2 ...] } SECTIONS { .boot : { *(.boot) } > boot_region [... question 3 ...] .kdata : { *(.*data*) } > kdata_region }
- Le fichier
kernel.ld
commence par la déclaration des variables donnant des informations sur les adresses et les tailles des régions de mémoire. Ces symboles n'ont pas de type et ils sont visibles de tous les programmes C. En regardant dans le dessin de la représentation de l'espace d'adressage, complétez les lignes de déclaration des variables pour la régionkdata_region
. Pour répondre, il faut savoir interpréter le dessin représentant l'espace d'adressage. (C9 S7+S38+S39) - Le fichier contient ensuite la déclaration des régions (dans
MEMORY{...}
), c'est-à-dire les segments d'adresse en mémoire qui seront remplies par l'éditeur de lien avec les sections trouvées dans les fichiers objets selon un ordre décrit dans la partieSECTIONS{}
duldscript
. Complétez cette partie (la zone[... question 2 ...]
) pour ajouter les lignes correspondant à la déclaration de la régionkdata_region
? (C9 S38+S39) - Enfin le fichier décrit comment sont remplies les régions avec les sections. Complétez les lignes correspondant à la description du remplissage de la région
ktext_region
. Vous devez la remplir avec les sections.text
issus de tous les fichiers.
Il faut bien comprendre que.ktext
est une section produite par l'éditeur de liens. C'est ce que l'on appelle une section de sortie..text
est une section que l'éditeur de liens trouve dans un fichier objet.o
, c'est ce que l'on appelle une section d'entrée. Comme il y a plusieurs fichiers objet, on doit dire à l'éditeur de lien de prendre toutes les sections.text
de tous les fichiers qu'on lui donne. (C9 S38+S39)
3. Programmation en C
Vous savez déjà programmer en C, mais vous allez voir ici des syntaxes ou des cas d'usage que vous ne connaissez peut-être pas encore. Les questions qui sont posées ici n'ont pas toutes été vues en cours, mais vous connaissez peut-être les réponses, sinon ce sera l'occasion d'apprendre.
Questions
- Quels sont les usages du mot clé
static
en C ? (c'est une directive que l'on donne au compilateur C) - Pourquoi déclarer des fonctions ou des variables
extern
? - Comment déclarer un tableau de structures en variable globale ? La structure est nommée
test_s
, elle a deux champsint
nommésa
etb
. Le tableau est nommétab
et a 2 cases. - Supposons que la structure
tty_s
et le tableau de registres deTTY
soient définis comme suit. Écrivez la fonction Cint getchar0(void)
bloquante qui attend un caractère tapé au clavier sur leTTY0
. Nous vous rappelons qu'il faut attendre que le registreTTY_STATUS
soit différent de 0 avant de lireTTY_READ
.NTTYS
est un#define
définit dans le Makefile de compilation avec le nombre de terminaux du SoC (en utilisant l'option-D
de gcc). (C9 S10)struct tty_s { int write; // tty's output int status; // tty's status something to read if not null) int read; // tty's input int unused; // unused }; extern volatile struct tty_s __tty_regs_map[NTTYS]; // extern : parce que ce tableau n'est pas dans ce fichier // volatile : parce que le contenu du tableau peut changer tout seul, gcc doit le lire à chaque fois // cela implique que gcc ne peut pas faire d'optimisation avec les registres du MIPS // (cf. note en fin de page)
- Écrivez la fonction C
int puts0(char *s)
qui écrit tous les caractères de la chaînes
sur le terminal TTY0. La fonction doit rendre le nombre de caractères écrits. On suppose que les registres des TTYs sont définis comme dans la question précédente.
4. Usage de Make (optionnel)
Nous allons systématiquement utiliser des Makefiles pour la compilation du code, mais aussi pour lancer le simulateur du prototype almo1. Pour cette première séance, les Makefiles ne permettent pas de faire des recompilations partielles de fichiers. Les Makefiles sont utilisés pour agréger toutes les actions que nous voulons faire sur les fichiers, c'est-à-dire : compiler, exécuter avec ou sans trace, nettoyer le répertoire. Nous avons recopié partiellement le premier Makefile pour montrer sa forme et poser quelques questions, auxquels vous savez certainement répondre.
La syntaxe des Makefile
s peut-être très complexe (c'est un vieux langage), ici nous ne verrons qu'une petite partie. Notez que le Makefile voit
les variables du shell
comme s'il les avait définies lui-même.
# Tools and parameters definitions # ------------------------------------------------------------------------------ # -- options used by the prototype simulator NTTY ?= 2 # default number of ttys # -- tools CC = mipsel-unknown-elf-gcc # cross-compiler MIPS LD = mipsel-unknown-elf-ld # linker MIPS OD = mipsel-unknown-elf-objdump # desassembler MIPS SX = almo1.x # prototype simulator (nammed almo1.x) # -- All flags used for the gcc compiler CFLAGS = -c # stop after compilation, then produce .o CFLAGS += -Wall -Werror # near all C warnings that becoming errors CFLAGS += -mips32r2 # define of MIPS version CFLAGS += -std=c99 # define of syntax version of C CFLAGS += -fno-common # no use common sections for nostatic vars CFLAGS += -fno-builtin # no use builtin func of gcc (ie strlen) CFLAGS += -fomit-frame-pointer # only use of stack pointer ($29) CFLAGS += -G0 # do not use global data pointer ($28) CFLAGS += -O3 # full optimisation mode of compiler CFLAGS += -I. # dir. where include <file.h> are CFLAGS += -DNTTYS=$(NTTY) # number of ttys in the prototype # Rules (here they are used such as simple shell scripts) # ------------------------------------------------------------------------------ help: @echo "\nUsage : make <compil|exec|clean> [NTTY=num]\n" @echo " compil : compiles all sources" @echo " exec : executes the prototype" @echo " clean : clean all compiled files\n" compil: $(CC) -o hcpua.o $(CFLAGS) hcpua.S @$(OD) -D hcpua.o > hcpua.o.s $(LD) -o kernel.x -T kernel.ld hcpua.o @$(OD) -D kernel.x > kernel.x.s exec: compil $(SX) -KERNEL kernel.x -NTTYS $(NTTY) clean: -rm *.o* *.x* *~ *.log.* proc?_term? 2> /dev/null || true
- Où est utilisé
CFLAGS
? Que fait-DNTTYS=$(NTTY)
et pourquoi est-ce utile ici ? (C9 annexe S8) - Si on exécute
make
sans cible, que se passe-t-il ? (C9 annexe S6)
Réponses non présentes dans les slides, mais utiles à savoir.
- à quoi servent
@
et-
au début de certaines commandes ? - Au début du fichier se trouve la déclaration des variables du Makefile, quelle est la différence entre
=
,?=
et+=
?
Note sur le mot clé
volatile
- Quand le programme doit aller chercher une donnée dans la mémoire puis faire plusieurs calculs dessus, le compilateur optimise en réservant un registre du processeur pour cette variable afin de ne pas être obligé d'aller lire la mémoire à chaque fois. Mais, il y a des cas où ce comportement n'est pas souhaitable (il est même interdit). C'est le cas pour les données qui se trouvent dans les registres de contrôleur de périphériques. Ces données peuvent être changées par le périphérique sans que le processeur le sache, de sorte qu'une valeur lue par le processeur à l'instant
t
n'est plus la même (dans le registre du périphérique) à l'instantt+1
. Le compilateur ne doit pas optimiser, il doit aller chercher la donnée en mémoire à chaque fois que le programme le demande.
volatile
permet de dire àgcc
que la variable en mémoire peut changer à tout moment, elle est volatile. Ainsi quand le programme demande de lire une variablevolatile
le compilateur doit toujours aller la lire en mémoire. Il ne doit jamais chercher à optimiser en utilisant un registre afin de réduire le nombre de lecture mémoire (load). De même, quand le programme écrit dans une variablevolatile
, cela doit toujours provoquer une écriture dans la mémoire (store).- Ainsi, les registres de périphériques doivent toujours être impérativement lus ou écrits à chaque fois que le programme le demande, parce que c'est justement ces lectures et ces écritures qui commandent le périphérique.